La FREE est un organisme vivant qui change et grandit. Pour André Gugger, marié, père de deux enfants adultes, l’important est de conserver l’histoire, la vision, de la fédération, et en même temps de permettre des mutations inhérentes aux évolutions de la société : « Nos églises sont issues d’un Réveil qui a eu lieu à Genève il y a 200 ans. Il faut aujourd’hui adapter nos organisations, nos gestions, nos gouvernances à un monde qui change ! »
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Quels seront vos défis ?
Ils seront multiples. Vous avez sans doute appris que le poste de secrétaire général va changer ; des changements interviennent aussi au niveau de certaines commissions. Bref, il y a des changements de personnes, ce qui permet à de nouvelles personnalités, plus jeunes, de se profiler et d’amener des idées. Le système pyramidal va être transformé pour faire place à des décisions plus collégiales. Nous espérons faire en sorte que les dons de chacun puissent non seulement émerger, mais être valorisés.
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Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai fait une école d’ingénieur à Genève. J’ai travaillé dans l’industrie mécanique, puis dans l’industrie audiovisuelle. Je me suis ensuite formé en théologie à l’Ecole biblique Ibeto à Orvin, où j’ai fait partie de la première volée. J’y ai d’ailleurs connu mon épouse ! Après mon mariage en 1990, j’ai ressenti le besoin d’avoir plus de contacts avec les gens et j’ai bifurqué dans le domaine social, d’abord en alcoologie et toxicomanie. Il y a une dizaine d’années, je suis devenu curateur indépendant ici dans le canton de Neuchâtel. Des 24 dossiers que je gérais il y a encore deux ans, j’en ai aujourd’hui la moitié ; j’ai diminué mon temps de travail, ce qui me permet en fait d’endosser de nouvelles responsabilités dans l’Eglise !
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Et quel a été votre parcours ecclésial ?
Je ne suis pas né dans une famille chrétienne. Dans les années 70, alors adolescent, j’ai été touché par l’Evangile grâce aux fruits d’une campagne de Jean-Michel Cravanzola. J’ai démarré mon chemin de foi dans un groupe de jeunes et fréquenté ensuite l’église de Meyrin, qui appartenait à l’époque aux AESR (Assemblées et églises évangéliques en Suisse romande ndlr). Puis à Fribourg pour des raisons professionnelles, j’ai intégré une église de Réveil. A Neuchâtel, après mon école biblique, j’ai participé au démarrage de l’église libre de Boudry, membre de la FEEL (Fédération des Eglises évangéliques libres). J’ai enfin abouti il y a une vingtaine d’années sur le Plateau de Diesse, où j’ai rejoint la communauté dénommée L’Abri à La Neuveville (FREE).
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En quoi la FREE est-elle importante pour vous ?
Elle est importante parce qu’elle est une fédération d’églises qui ont une touche, une saveur, une couleur évangéliques. C’est-à-dire qu’elles cherchent à pratiquer la parole de Dieu pour aider leurs membres à vivre leur foi au quotidien et en rapport aux autres et à la société. C’est dire que la FREE utilise la Bible de façon décisive parfois sur certains enjeux de société.
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Il y a beaucoup de sensibilités différentes au sein de la FREE ; cela vous fait-il peur ?
Non, pas du tout. Je crois au contraire que les sensibilités différentes, les points de vue divergents sont vraiment nécessaires. Parce que si tout le monde pense la même chose, le danger sectaire guette, à mon sens. Et je pense que Dieu parle au travers de la diversité.
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Les évangéliques sont souvent critiqués, jugés conservateurs en ce qui concerne l’homosexualité ou la position des femmes : quelle est votre avis face à ces questions de société ?
Nous sommes une fédération d’églises qui sont diverses. Je pense, quitte à me répéter, qu’il est important qu’une diversité puisse exister sur certaines questions. Tout en préservant une certaine unité. Je ne peux dire aujourd’hui ce qui va être décidé par rapport par exemple à l’homosexualité dans les églises. Mais nous sommes en réflexion actuellement. Ayons l’humilité de reconnaître que des choses peuvent bouger. Et qu’on n’a pas toutes les réponses.
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Dans de telles discussions peut-être houleuses, quel va être votre rôle de président ?
De garder le cap au niveau des fondements de la fédération, le cap qui est la Bible. Mais La Bible nous laisse une énorme latitude en termes d’actions.
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Oui, parce qu’il y a toute la question de l’interprétation des textes, non ?
Mais les textes ont quand même un message qui unifie. L’accueil de l’autre, l‘amour du prochain restent des incontournables par exemple. Il est toutefois vrai que les textes laissent une marge de manœuvre qui fait qu’il y a une diversité en ce qui concerne les manières de vivre et de penser.
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Il y a des mots que vous allez mettre en avant comme président ?
Le premier c’est la Bible. Ensuite, c’est la grâce. Et puis le respect. Nous faisons tous des erreurs. Mais nous pouvons, par grâce, cheminer ensemble les uns avec les autres, avec nos différences. En nous réconciliant si nécessaire.
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Dernière question, André Gugger : quelle est la vision que vous avez de la FREE à 3 ans, à 5 ans ?
A 3 ans, je dirais une FREE qui continue à rassembler. A 5 ans, une FREE qui comptera davantage de communautés aujourd’hui isolées. Car le rattachement à une fédération permet d’offrir des outils en termes de formations, par exemple, et des informations utiles pour s’ouvrir sur l’extérieur.
Propos recueillis par Gabrielle Desarzens
André Gugger succédera à l'actuel président Pierre Deriaz à la fin de l'année.