Du 10 au 19 août, 450 personnes ont participé au stage artistique d’été organisé par les écoles Psalmodia à Gagnières, près d’Alès dans le sud de la France. Sur le camping du Centre chrétien, une cinquantaine d’animateurs ont proposé autant de stages de clown, d’aquarelle, de musique classique, de danse, d’accompagnement de la louange, de sonorisation, de djembé, de hip hop... En fait 34 ateliers pour les adultes et une dizaine pour les enfants.
Derrière cet événement qui rassemble des chrétiens, principalement issus des milieux évangéliques de France et de Suisse romande, il y a un homme : Guy Barblan. Le directeur et fondateur de l’école de musique Psalmodia à Crissier se réjouit de ce succès. « Cette 14e édition a été marquée, explique-t-il, par la complémentarité des arts. Personnellement, j’ai été impressionné par le duo de la chanteuse Andy Alonso et de la danseuse Christine Sayous Jeanville. C’était bouleversant de voir ces deux femmes associer leur art pour louer le Seigneur ! » Tout artiste a tendance à vivre sa démarche de manière individualiste. La coexistence de talents à Gagnières permet l’échange et – si entente ! - un travail commun.
L’art pour tous
Le stage artistique de Gagnières comme les écoles de musique Psalmodia ne visent pas premièrement la formation d’une élite artistique. Guy Barblan le dit tout net : « Si, dans nos cours, nous discernons qu’un élève est au bénéfice d’un potentiel d’exception, nous l’encourageons à s’inscrire dans une autre école ! Un conservatoire par exemple, où la prise en charge sera beaucoup plus complète. » Non que les professeurs de Psalmodia n’aient pas la capacité de faire éclore un talent, mais leur but est ailleurs. Il s’agit avant tout de mettre les arts à la portée de tous, de permettre à chacun d’avoir du plaisir en développant ses capacités artistiques et de former des artistes qui mettent leurs dons au service de l’Eglise.
Guy Barblan est diplômé du Conservatoire de Lausanne. Il a également suivi la formation pour enseigner la musique dans le système scolaire vaudois. A l’école Psalmodia de Crissier qui accueille environ 300 élèves, il enseigne le piano, le synthétiseur, la flûte traversière et la flûte douce.
« C’est un plaisir de voir ses élèves progresser et surtout de leur transmettre ce que l’on a acquis, explique Guy Barblan. La dimension technique de l’instrument, mais aussi la dimension artistique et l’émotion que peut véhiculer la musique que l’on interprète. » Au-delà de cette démarche individuelle du musicien, le professeur de Crissier souhaite développer la qualité des prestations musicales dans les Eglises. « Se former personnellement dans ce domaine, ajoute-il, c’est un investissement en temps et en énergie qui a tout du sacrifice de louange que l’on apporte au Seigneur en guise de reconnaissance ! »
La musique pour exprimer sa louange
Guy Barblan utilise aussi ses capacités artistiques comme une sorte de langage qui lui permet d’adresser sa louange à Dieu. « J’aime me mettre au piano, chanter un chant connu et passer du temps avec Dieu », relève-t-il. Le directeur de Psalmodia à Crissier aime aussi se lancer dans des improvisations qui expriment ce qu’il ressent intérieurement face à Dieu. « Ma musique se fait alors prière ou louange ! C’est un moment de dialogue avec Dieu. Gratuit ! Sans but utilitaire, sans désir d’écrire les paroles d’un chant ou de créer une mélodie. »
C’est aussi dans cette perspective qu’il convie de temps à autre les membres de l’Eglise évangélique la Colline à Crissier à « perdre leur temps pour louer Dieu », dans des moments non organisés, sans le stress de devoir produire quelque chose d’exceptionnel. Guy Barblan admet facilement que ce genre d’initiatives n’est pas à la portée du premier venu. « Il faut certaines compétences pour improviser, relève-t-il. Des compétences que les cours de nos écoles souhaitent développer auprès des élèves. »
Des dons au service de toutes les Eglises vaudoises
Ses compétences musicales, Guy Barblan ne les met pas qu’au service de l’Eglise évangélique « La Colline » à Crissier. Toutes les Eglises du canton de Vaud, qu’elles soient réformée, catholique, orthodoxe... et évangéliques en bénéficient dans le cadre du Conseil des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV). Actuellement vice-président de cette instance, Guy Barblan a été le directeur artistique des grandes célébrations qui ont eu lieu depuis l’an 2000 à la Cathédrale de Lausanne, à l’initiative du CECCV. Il a préparé et dirigé plusieurs des groupes de musique ou des chorales qui s’y sont produits. « Je suis à l’aise dans cette dynamique oecuménique parce que Christ est au centre ! »
A Guy Barblan d’ajouter : « Durant la préparation de ces grands événements, j’ai découvert la richesse de la complémentarité interconfessionnelle. » Préparer une célébration avec d’un côté des orthodoxes qui considèrent que leur « sainte liturgie » est la manière la plus authentique et la plus fidèle de célébrer Dieu et de l’autre des évangéliques qui pensent que tout ce qui est imprégné d’une once de musique classique est le signe d’une Eglise morte, a tout de la quadrature du cercle. « Si on vient à ces préparations avec le désir de placer ses particularités liturgiques, on va dans le mur ! Il faut arriver avec le désir d’écouter et de s’enrichir soi-même des richesses des autres. »
Des richesses, Guy Barblan en a découvert dans la tradition orthodoxe. Il apprécie particulièrement la symbolique que développe cette Eglise, notamment au travers des icônes, et surtout la profondeur de sa musique. « La musique chorale orthodoxe véhicule une sobriété et une simplicité que j’aime beaucoup. Mais je ne pourrais pas me contenter de cela dans nos cultes. Pour moi la musique d’Eglise doit aussi se décliner dans la culture de notre temps. »
L’an prochain, une 15e édition anniversaire
L’an prochain, le stage artistique de Gagnières fêtera son 15e anniversaire. Il devrait être l’occasion de retrouver les 3 orateurs qui ont marqué de leur empreinte spirituelle ces rencontres : Rolf Schneider, Dave Durham et Gaby Alonso. Du 15 au 24 août, le stage de Gagnières permettra une fois encore aux participants de dynamiser la vie artistique de leur Eglise locale. « Non pour y faire la révolution, mais pour enrichir la vie cultuelle de chacune des communautés représentées ! »
Serge Carrel