Mélanie Scheuring, 28 ans, habite dans la région lausannoise. Au bénéfice d’un bachelor en psychologie, elle souffre d’une maladie auto-immune invalidante. Membre de l’Eglise C3 qui se réunit au Palais de Beaulieu, à Lausanne, elle fait partie de l’équipe de louange de cette communauté.
Quelle attitude attendez-vous des membres de votre Eglise ?
Mélanie Scheuring – Comme tout le monde, j'attends de l’accueil, de l'attention, de l'amour, de l’intérêt, de l'honnêteté, d’être intégrée. Confrontés à des personnes handicapées, certains peuvent se sentir mal à l’aise. Des deux côtés, un effort est nécessaire. Et si une personne me dit qu’elle est contente de me voir, j’ai un sentiment de bien-être, de valeur, d’appartenance… comme n’importe qui !
Une personne « en bonne santé » ne devrait pas craindre de s'intéresser à une personne handicapée. Elle peut librement lui demander : « Comment vas-tu ? », si la question est motivée par l’amour et un intérêt réel. Parfois, des personnes handicapées ont une très mauvaise estime de soi et souffrent d’un sentiment de rejet. Par exemple, elles se sentent offensées lorsque personne ne s'intéresse à elle à la fin d'un culte.
Comment votre Eglise vous a-t-elle aidée à trouver votre appel et à exercer votre ministère ?
L’Eglise C3 m'a intégrée dans son équipe de louange. Je m’y suis immédiatement sentie bien et appréciée. L’équipe de louange est devenue une famille dans laquelle je me sens portée. Nous avons un énorme plaisir à collaborer. Cet accueil m’a permis de découvrir que j’avais une place, du potentiel et un appel.
Comment une Eglise peut-elle aider une personne à gérer son handicap ?
Les personnes handicapées, comme les autres, passent par des périodes de crise. Elles ont besoin d’être écoutées, suivies, conseillées, soutenues psychiquement et émotionnellement.
Pour une personne en situation de handicap, les membres d'une Eglise peuvent également apporter un soutien pratique : véhiculer, préparer des repas, accompagner – avec ou sans rémunération, la chose peut être discutée librement. L'aide peut prendre de nombreuses formes différentes. Il ne faut pas craindre de la proposer ou de la demander.
Quelles sont les erreurs et les maladresses à ne pas commettre dans l'accompagnement d'une personne handicapée ?
Je m’énerve lorsque des personnes m’abordent comme une handicapée ou m'ignorent. Car je ne désire pas être définie par mon handicap. La pitié m'irrite beaucoup, car elle ne mène a rien de positif. Elle peut pousser vers la dépression et l’enfermement. Il est bon d'avoir de la compassion et de l’amour, et la Bible nous dit de pleurer avec ceux qui pleurent. Mais elle nous demande aussi de rire avec ceux qui rient.
Un handicap ne doit être ni ignoré, ni exagéré. Une personne handicapée est un être humain comme tous les autres… mais un peu plus original que la « norme ».
A quoi les Eglises devraient-elles réfléchir en priorité à propos de l'accueil de personnes handicapées ?
Le premier point à vérifier, c’est l’accessibilité des locaux aux chaises roulantes. En traitant cette question, on aide en même temps les personnes âgées de l’Eglise.
Il est également important d’intégrer les personnes handicapées grâce à des activités. Par exemple, on pourrait intégrer une personne trisomique dans l'équipe d’accueil au culte. Mais il me semble que, en règle générale, les Eglises se débrouillent plutôt bien.
Propos recueillis par Claude-Alain Baehler
Mélanie Scheuring a été l'une des oratrices de l'édition 2016 de One'. A cette occasion, elle a été interviewée sur le stand de PhareFM Romandie.