Le mardi 24 mai, la directrice du centre éducatif Tahaddi à Beyrouth, la Suissesse Catherine Mourtada, a reçu la visite de Didier Burkhalter, ministre des affaires étrangères de la Suisse. « C’était très stressant ! explique l’ancienne enseignante vaudoise. Une délégation de l’Agence suisse pour le développement et la coopération, en charge d’organiser l’évènement, est venue lundi dernier en reconnaissance. Mardi, le convoi officiel est arrivé aux alentours de 17h, en grande pompe, précédé par un convoi de la sureté intérieure libanaise. Une quinzaine de policiers armés sont descendus des véhicules et ont accompagné le ministre et sa suite jusque dans l’enceinte du centre de Tahaddi. Il y avait également du personnel diplomatique helvétique, l’ambassadeur de Suisse au Liban ainsi que plusieurs journalistes. »
Une table ronde sur le toit du centre éducatif
La Coopération suisse avait demandé à Catherine Mourtada si le centre pouvait accueillir une table ronde avec 8 jeunes de 4 ONG actives au Liban et soutenues par des fonds publics suisses. La table ronde n’a toutefois pas tout de suite eu lieu sur le toit du centre. Après avoir fait quelques pas dans l’enceinte, Didier Burkhalter a pris conscience que les enfants n’étaient plus là. L’école était finie. Il a souhaité sortir à leur rencontre. « J’aime beaucoup les enfants, a expliqué le ministre. J’aimerais pouvoir leur parler et les voir de plus près. » Un désir de conseiller fédéral ne se discute pas… et après avoir ôté veste et cravate, Didier Burkhalter est sorti du centre, tout de suite entouré par plusieurs enfants attirés par les belles voitures !
Catherine Mourtada a alors emmené le ministre visiter une famille dont trois des enfants fréquentent le centre. Les forces de police talonnaient le groupe et essayaient de dissuader la délégation d’aller plus avant. Le ministre s’est montré très chaleureux avec les enfants rencontrés. Catherine Mourtada ne l’a pas emmené jusqu’au centre médical géré par Tahaddi. « C’était trop à l’intérieur du bidonville et il fallait passer dans des ruelles étroites, ajoute la Suissesse. De plus le dispensaire était fermé vu que sa directrice, Nadia Accad, était à mes côtés pour recevoir le ministre. »
Sur le chemin du retour, Didier Burkhalter a répondu à quelques interviews de journalistes, puis est monté sur le toit du centre éducatif pour participer à la table ronde. 8 jeunes, des Libanais, des Palestiniens, des Syriens et des Libanais d’origine Dom – ces deux derniers représentaient la population scolarisée par Tahaddi –, ont exprimé au ministre leurs difficultés, leurs craintes, leurs besoins, leurs perspectives d’avenir et leurs espoirs.
« Appelez-moi Didier ! »
« C’est la première fois que nous recevons un ministre, a expliqué Catherine Mourtada. Nous avons déjà reçu des délégations de la coopération suisse, française ou de Monaco notamment, mais jamais à un tel niveau. Ce qui a surpris tout le monde, c’est que le conseiller fédéral s’est tout de suite montré très proche des gens. Il nous a demandé de l’appeler ‘Didier’ et a adressé un mot gentil à chacun des enfants ou des adolescents rencontrés. »
L’association Tahaddi doit chaque année trouver 700'000 francs pour scolariser environ 200 enfants et apporter une formation complémentaire à une quarantaine d’adultes. Avec ce montant, elle fait aussi tourner le centre médical qui veille sur la santé de près de 2000 familles de ces quartiers très pauvres. Une action sociale en faveur des réfugiés s’est aussi beaucoup développée depuis la crise syrienne.
Soutenue par le Service de missions et d’entraide, le département humanitaire de la FREE, et l’association Tahaddi Suisse, cette œuvre fondée par Catherine Mourtada et la Française Agnès Sanders, médecin, accueille régulièrement des représentants de donateurs institutionnels ou privés, susceptibles d’aider à la prise en charge financière de cette action éducative, médicale et sociale en faveur de cette population très précarisée de Beyrouth.
Serge Carrel
Le site du Service de missions et d’entraide (SME).
Le site de l’association Tahaddi.