Béatrice Stockly aurait été tuée par les djihadistes de l’organisation terroriste Jama’at Nasr al-Islam wal Muslim, selon le communiqué du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La Suissesse avait été enlevée le 7 janvier 2016. Il s’agissait de son deuxième enlèvement. La quadragénaire avait déjà été prise en otage une dizaine de jours en 2012. « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la mort de notre concitoyenne, a déclaré le conseiller fédéral Ignazio Cassis. Je condamne cet acte cruel et exprime mes plus sincères condoléances aux proches de la victime. »
Conversion à l'islam
Jeudi à Bamako, lors de sa première interview, Sophie Pétronin, 75 ans, a dit s’être convertie à l’islam : « Vous dites Sophie, mais c’est Mariam que vous avez devant vous », a-t-elle dit, en précisant qu’elle allait désormais prier Allah pour le Mali. Elle a ensuite fait part de son intention de retourner à Gao, le lieu même où elle a été enlevée il y a quatre ans, pour s’assurer que l’organisation d’aide aux enfants qu’elle dirigeait avant son rapt continue de fonctionner convenablement. Cette Franco-Suisse a été libérée de même que deux otages italiens et Soumaïla Cissé, un homme politique malien.
Troc
Selon le journaliste du Niger Seidik Abba qui suit l’affaire de près, il y a eu un troc entre les Etats impliqués et les groupes djihadistes. Quelque 230 combattants islamistes auraient été libérés et une rançon entre 15 et 20 millions d’euros versées. « Les fonds venaient du Mali pour Cissé, de la France pour Pétronin et de l’Italie pour leurs deux ressortissants », avance-t-il. Plusieurs observateurs soulignent dès lors la contradiction entre la lutte contre le terrorisme et le succès en termes financiers que les djihadistes obtiennent dans ce genre de marché. « C’est d’ailleurs très rare qu’ils tuent un otage, puisqu’ils ne peuvent par conséquent plus le monnayer », exprime Illia Djadi, journaliste basé à Londres et spécialiste de la région. Les circonstances et les raisons de la mort de Béatrice Stockly restent à ce jour inconnues. Dans une vidéo diffusée en juin 2016, les djihadistes réclamaient, pour la relâcher, la libération de détenus de leurs rangs.
Chrétienne engagée, la Bâloise était un véritable électron libre, selon des chrétiens maliens. Elle ne fréquentait aucune Eglise ni mission, mais disait « avoir un ministère » et voulait annoncer l’Evangile aux gens qu’elle rencontrait.
Gabrielle Desarzens