Les tortionnaires sont des « hommes-système » et prolifèrent. Un chiffre : 13'000 personnes mortes sous la torture en quatre ans dans les prisons du régime en Syrie. Un rapport de l’ONG Human Rights Watch, basé sur les photos exfiltrées du pays par « César », un ex-photographe de la police militaire syrienne le confirme : elles montrent des corps effroyablement torturés. La Syrie n’a cependant pas l’exclusivité de ces actes déshumanisants. Partout où la guerre fait rage, la torture est présente.
Un sujet de préoccupation au CICR
En décembre dernier, le Comité international de la Croix-Rouge a organisé une conférence avec ce titre : « Lutter contre la torture ; qui sont les tortionnaires ? » La torture n’est en effet plus seulement l’apanage d’appareils étatiques. Elle est le fait d’une multitude de groupes paramilitaires difficiles à cerner. Le tortionnaire y est fabriqué, à l’image des combattants de Daech qui, selon la psychologue et psychothérapeute française Françoise Sironi, ont perdu toute identité propre.
Gabrielle Desarzens s’est entretenue avec divers spécialistes et personnes de terrain pour comprendre si nous sommes en présence d’une nouvelle génération de tortionnaires ; quel rôle le facteur religieux peut jouer pour légitimer les actes de torture ; et s’il est possible d’intervenir pour contrer le fléau. Au nombre de ceux-ci : Jean-Pierre Restellini, ancien président de la Commission nationale de prévention de la torture, Philippe Conne, psychologue et psychothérapeute à l’association Appartenances à Lausanne, Sophie Barbey, conseillère en matière de détention au CICR, Françoise Sironi, psychologue et psychothérapeute, et Roger Foster, directeur des programmes post-traumatiques à Portes Ouvertes International.