La liberté religieuse se dégrade partout dans le monde et toutes les confessions sont concernées. C’est notamment ce qu’affirme une étude du Pew research center1 publiée cet été. Dans le détail et entre 2007 et 2017, les chrétiens sont aujourd’hui harcelés, intimidés ou persécutés dans 143 pays contre 107 il y a dix ans, les musulmans dans 140 contre 96 et les Juifs dans 87 contre 51. Selon l’ONG Portes Ouvertes qui se concentre sur le christianisme, plus de 4’000 chrétiens sont tués chaque année en raison de leur foi, soit plus de 10 par jour. Une violence jugée inacceptable, tant par le Réseau évangélique suisse (RES) que par la fondation catholique Aide à l’Eglise en détresse. « Cette augmentation de l’intolérance religieuse concerne tant les croyants que les non-croyants et c’est alarmant », commente à Genève Michael Mutzner, porte-parole du RES et représentant permanent à l’ONU de l’Alliance évangélique mondiale.
Cette Journée décidée en mai dernier...
L’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de cette journée en mai dernier dans la foulée des attaques le 15 mars de deux mosquées à Christchurch en Nouvelle Zélande, et de communautés catholiques et évangéliques juste avant le 21 avril au Sri Lanka. « Des attaques qui ne sont malheureusement que la pointe de l’iceberg d’un phénomène qui dure », indique le RES dans son communiqué de presse.
... est un pas de plus
En mai, l’ONU avait alors rappelé qu’il incombait aux Etats de protéger les personnes appartenant à des minorités religieuses, y compris leur droit de pratiquer leur culte ou de manifester leurs convictions en toute liberté. A noter que la séance avait donné lieu à de vifs échanges entre les Etats-Unis et la Chine, cette dernière ayant été prise à parti concernant ses musulmans ouïghours et Kazakhs dont au moins un million sont internés dans des camps de travail forcé.
Pour Philippe Fonjallaz, directeur de l’ONG Portes Ouvertes, le consensus obtenu à l’ONU pour refuser la violence contre les minorités religieuses est un pas de plus pour sensibiliser et responsabiliser la communauté internationale vis-à-vis de ces victimes. Elles doivent, selon lui, non seulement être entendues mais protégées.
Défense d’un droit fondamental
Cette première « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou convictions » rappelle que la liberté religieuse est l’un des droits humains fondamentaux. Et que la diversité n’est pas forcément une menace ou un problème, mais qu’elle peut être source de richesse.
Gabrielle Desarzens
1 Le Pew Research Center est un centre de recherche américain qui fournit des statistiques et des informations sociales sous forme de démographie, sondage d'opinion, analyse de contenu.