« Jésus est venu habiter un monde en souffrance, en commençant par une étable. »

Sélina Imhoff vendredi 11 décembre 2020

Sélina Imhoff, 36 ans, pasteure à l'Eglise évangélique de Meyrin (FREE), a choisi le mot ÉTABLE pour ce troisième dimanche de l’Avent. Elle y voit le lieu de nos fragilités. A visiter. Absolument.

 

« Entre le bœuf et l’âne gris, dort, dort, dort le petit fils ». Ce vieux chant de Noël nous conduit dans le plus étrange des endroits pour célébrer la Nativité. Alors que nous nous réjouissons de nous retrouver autour d’une table bien garnie, c’est pourtant dans une pauvre étable que se passe l’événement. A y regarder de plus près, cette naissance dérange, questionne, voire bouleverse. Cette histoire vient toucher des points sensibles de l’histoire humaine et peut être aussi de notre histoire personnelle.

Un point de départ

« Marie mit au monde un fils, son premier-né. Elle l'enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle destinée aux voyageurs. » (Luc 2:7). C’est le point de départ de la vie de Jésus. C’est ici que tout a commencé pour lui sur la terre. Dans une étable avec une mangeoire en guise de berceau. Le récit nous en explique la raison. Il n’y avait pas de place ailleurs. Jésus est né et personne n’a trouvé de place dans le monde pour ce bébé. Pourtant, nous parlons ici d’une naissance royale. Le roi des rois, le Sauveur et Seigneur du monde est né. Celui qui était annoncé, attendu pour sauver le monde est enfin arrivé. Mais pour accueillir ce grand roi, il n’y avait que du petit bétail à bonne distance des humains.

Le lieu de nos fragilités…

L’être humain n’est pas à sa place dans une étable. C’est pourtant là que le Fils de Dieu a vu le jour. Il m’apparaît que le monde était hostile à accueillir la présence de Dieu sous la forme de ce qu’il y a de plus vulnérable. Car sous les traits d’un nourrisson, c’est la force et la fragilité humaine qui pousse ses premiers cris. Mais les cris d’un enfant dérangent. Ils viennent résonner et troubler parfois des choses profondes en nous. Ils viennent réveiller nos failles personnelles, les mettre à la lumière.

Et nous n’aimons pas voir nos failles, car elles sont les marques de nos profondes souffrances. Il est ainsi tellement dur de faire de la place à la fragilité humaine que nous l’éloignons loin de notre vue et de nos pensées. Jusqu’à la placer dans une étable, loin de nous. Mais en faisant cela, c’est une partie de nous-même que nous oublions. Et les odeurs de nos souffrances peuvent nous dégoûter tout comme les odeurs d’une étable. Rappelons-nous pourtant que Dieu, en Jésus, est venu habiter un monde en souffrance, en commençant par une étable.

… à visiter !

Et si le chemin du secours de nos vies commençait là ? Dans cet endroit où nous avons laissé nos souffrances de côtés ? Ce lieu où les cris d’un enfant que personne ne voulait accueillir résonnent ? Du premier au dernier cri de Jésus, nous voyons que son histoire humaine a traversé la souffrance sans jamais la laisser de côté. Pour finalement trouver son soulagement ultime dans la résurrection. La souffrance prendra fin. Le premier cri de l’enfant dans l’étable est venu annoncer cette bonne nouvelle. Il vient répondre à mes premiers cris à moi. Ceux d’un bébé orphelin. Il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie depuis. Mais la souffrance originelle est toujours quelque part en moi à crier dans un orphelinat du Sri Lanka. A moi de faire de la place à ma fragilité humaine et à la placer sous le regard de Dieu. Jésus est venu sauver le monde. Et moi avec.

Sélina Imhoff

Publicité
  • Surmonter les abus au fil d’un conte

    Surmonter les abus au fil d’un conte

    Il était une fois… une enfant abusée, dont les larmes sont recueillies par une grenouille qui l’accompagne jusqu’au Roi d’un royaume fabuleux. Dans cette histoire, la psychologue Priscille Hunziker parle de la prise en compte de la souffrance. « Le voyage que fait la petite Emmy, c’est la métaphore d’un accompagnement psycho-spirituel », dit-elle mercredi 6 avril. Rencontre.

    jeudi 07 avril 2022
  • Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Au Liban, les habitants vivent l’intensité de la vie face à l’intensité de la mort, selon les mots du théologien et prêtre maronite Fadi Daou rencontré à Genève. Il invite notamment ses concitoyens à devenir des sauveurs… sur les pas de Jésus.

    mardi 21 décembre 2021
  • Noël, ou sortir de nos jugements

    Noël, ou sortir de nos jugements

    Thierry Lenoir est aumônier à 100% à la clinique de La Lignière à Gland. Cet ancien pasteur adventiste parle de l’esprit de Noël en termes de jugements moraux, sociaux et religieux à mettre de côté. Une réflexion qu’il partage dans l’émission Hautes Fréquences diffusée dimanche 19 décembre à 19 heures sur RTS La Première.

    mercredi 15 décembre 2021
  • « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    On investit dans nos carrières professionnelles, dans nos maisons… mais pas assez dans notre couple. C’est le constat que dressent Marc et Christine Gallay, le couple pastoral de l’église évangélique (FREE) de Lonay. Qui pratique avec bonheur une méthode dite « Imago », qui met la cellule de base créée par Dieu à l’honneur. Rencontre.

    lundi 01 novembre 2021
  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

    vendredi 22 septembre 2023
  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

    jeudi 15 juin 2023
  • « Auras-tu été toi ? »

    « Auras-tu été toi ? »

    Elle puise dans le judaïsme de quoi nourrir sa foi chrétienne. La théologienne et pasteure Francine Carrillo écoute, calligraphie et fait parler les lettres hébraïques qui, selon elle et avec toute la tradition juive, sont porteuses de sens et d’espérance. Rencontre.

    lundi 20 juin 2022

eglisesfree.ch

LAFREE.INFO

  • Il était une foi des sages [2]

    Ven 19 juillet 2024

    Combien de fois, en croisant une personne ou en discutant avec elle, vous êtes-vous posé la question : « Je me demande comment elle était quand elle était petite ? » Mais notre pudeur toute suisse nous empêche de poser des questions. Il ne faudrait quand même pas déranger avec nos questions, n’est-ce pas ?

    Marie Ray, dans ce podcast, est allée interviewer des sages, à propos de leur enfance, de leur adolescence et de leur foi. Le résultat ? Un récit de vie à deux voix qui vous plonge dans l’histoire insoupçonnée d’un sage inspirant. Venez donc chaque semaine retrouver Antoine, Pierre-André, Vreni, Cécile et les autres.

  • Il était une foi des sages [1]

    Ven 12 juillet 2024

    Combien de fois, en croisant une personne ou en discutant avec elle, vous êtes-vous posé la question : « Je me demande comment elle était quand elle était petite ? » Mais notre pudeur toute suisse nous empêche de poser des questions. Il ne faudrait quand même pas déranger avec nos questions, n’est-ce pas ?

    Marie Ray, dans ce podcast, est allée interviewer des sages, à propos de leur enfance, de leur adolescence et de leur foi. Le résultat ? Un récit de vie à deux voix qui vous plonge dans l’histoire insoupçonnée d’un sage inspirant. Venez donc chaque semaine retrouver Antoine, Pierre-André, Vreni, Cécile et les autres.

  • Concours de la FREE : Quatre bourses d’études ont été attribuées

    Ven 12 juillet 2024

    Début 2024, par le biais de son journal VIVRE, la FREE a lancé un concours pour encourager des chrétiennes et chrétiens, jeunes ou moins jeunes, à entrer dans leur vocation. Les quatre gagnants, trois garçons et une fille dans la vingtaine, sont aujourd'hui connus. Chacune et chacun recevra une bourse de formation en vue de ses études à la HET-PRO ou à la Start Up Ministries.

  • France: Une enquête sur l'éducation sexuelle auprès des jeunes évangéliques

    Ven 05 juillet 2024

    Quels sont les besoins en matière d’éducation sexuelle des jeunes évangéliques ? Quels sont les apports et les manques de l’enseignement des Églises dans ce domaine ? C’est sur ces questions que s’est penchée l’enquête « Éducation sexuelle scolaire versus communautaire : impacts, besoins et disparités de genre chez les jeunes adultes évangéliques en France ». Publiée en mai dernier, cette enquête est le fruit du travail d’André Letzel, ancien pasteur, conseiller conjugal et sexologue, et de Brice Gouvernet, docteur en psychologie et maître de conférence. 

Instagram

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !