C’était un jeu entre lumière et obscurité. Entre désir d’être bien caché et désir d’être retrouvé. Nous n’étions pas déçus d’entendre le jeu s’arrêter, alors que personne ne nous avait découverts sous le canapé.
Il y a quelques jours, j’étais au bureau de poste pour un paiement. Derrière le guichet, une dame, charmante, bien soignée ; bagues, petit collier, boucles d’oreille… Bref, une dame sans doute pleine de valeur, mais… triste. Même en jouant à cache-cache, elle aurait eu du mal à cacher ce je ne sais quoi !?!
De mon côté, j’étais visiblement beaucoup plus « gâté ». Avec notre troisième fils, on allait jouer à cache-cache dans une grotte ; on s’en réjouissait comme des gamins ! On allait même se salir, terriblement se salir ! C’était déjà décembre, déjà la période de l’Avent. Ce jour-là, il pleuvait des cordes. Le bleu du ciel s’était aussi caché. Cependant, là-haut au-dessus des nuages, je sais que c’est tous les jours Noël…
L’entrée trouvée, nous nous sommes équipés, nous avons allumé nos lampes et nous sommes descendus dans les entrailles de la terre. Au départ, comme toujours, quelques feuilles mortes au sol. En levant le nez, quelques chauves-souris au plafond, puis, soudain, l’obscurité totale, sans compromis ! Une obscurité qui ne se cache pas, au point qu’en cas de panne de nos torches, on resterait prisonniers longtemps avant de nous retrouver là, sous terre.
Après des heures davantage à plat ventre que debout, comme un désir d’abord furtif, puis de plus en plus pressant voir le jour au tréfond de nous-mêmes ; revoir le jour, revoir la lumière. Re-sentir la pluie, re-sentir le vent, re-sentir la vie !
Tout au fond, l’aventure n’en est qu’à mi-chemin… Ainsi, nous savons que l’aventure, la vraie, est de poursuivre pour aboutir finalement au point de départ.
Noël, synonyme « d’entrée de jeu de Dieu ». Période bien réelle pour Lui ! D’entrée corps, âme et Esprit dans l’aventure humaine, la mienne, la vôtre, la nôtre... Noël est le moment tant attendu où Il descend dans notre obscurité. Noël, où c’est quand Il nous rejoint dans notre panique, dans nos pannes de lumière…
Là, comprenons bien, nous sommes à mi-chemin. Avec Lui, il nous faut marcher - et parfois même ramper - vers la sortie. Plus nous avançons et plus la lumière se manifeste. Cette lumière est tellement généreuse que nous osons en donner aux personnes élégantes, pleines de valeur, mais tristes comme la dame du guichet de poste !
Une confidence pour vous, comme un cadeau de l’Avent… Jusqu’à la fin de ma vie, j’ai envie de rester un enfant. Envie de jouer à cache-cache avec Noël, juste pour que l’Enfant me trouve encore et encore et trouve aussi tous mes proches.
Et cette tristesse, pour l’Enfant de Noël, c’est insupportable ! Lui, il veut tellement fort que nous re-sentions Sa vie, Sa lumière ! Noël, loin d’être triste, c’est marcher, parfois ramper avec la lumière du ressuscité en nous, car au cœur du jeu, Il a allumé les feux…
Michel Gentil, pasteur à l’église La Rochette (FREE) à Neuchâtel.