Quel sens donnons-nous à cette épreuve de confinement ? En période de crise, nous prenons conscience que nos constructions sont fragiles. Ce n’est pas ce que l’on construit qui peut nous porter et nous faire avancer. La crise révèle que nous ne sommes pas maîtres de la vie et de nos vies… On perd le contrôle ! Et cela génère de l’insécurité, de l’angoisse et de la révolte. Difficile de résumer l’entretien de 40 minutes avec le psychiatre Panteleimon Giannakopoulos. Mais alors que le « rester chez soi » s’annonce sur une certaine durée, il peut être utile de retenir quelques lignes maîtresses de sa pensée.
La foi, un fondement
Interpellé sur l’apport de la religion, il estime tout d’abord que celle-ci offre un fondement aux croyants. Elle est une ressource qui pousse l’humain au dialogue. Pour lui, la vie de foi peut nous aider à sortir de l’angoisse nombrilique et des craintes archaïques, de la pulsion qui consiste à « sauver sa peau à tout prix »… La vie spirituelle relève de l’altérité. Et par la rencontre de l’Autre, l’homme de foi évite de se comporter comme « un animal traqué qui lutte pour sa survie ». Autrement dit, la spiritualité ouvre aux humains une autre possibilité d’existence : celle d’une altérité qui nous sort de nos peurs et rend possible d’exister autrement. Elle nous fait sortir de l’alternative : être ou ne pas être contaminé…
La tâche d’être soi
En résumé, la foi, la vie spirituelle nous ouvre à l’autre, comme à Dieu. Encore plus dans les circonstances actuelles, elle nous ouvre à la compréhension du mal-être de l’autre, à son anxiété et suscite des comportements empathiques et solidaires. La foi renvoie enfin l’être humain à la « tâche d’être soi », à l’exercice - que l’on choisit de faire librement - d’être ce que l'on a « à être »… L’essentiel demeure la dimension d’intériorité et la dimension relationnelle, celle des ressources internes, intérieures qui sont à nourrir et celle de la rencontre des autres qui est à cultiver… grâce aujourd’hui au téléphone et aux médias électroniques.
(Réd.)