Que peut nous apprendre la crise du Covid-19 et comment vivre Pâques cette année ? Pour Noëlle Sennwald, ancien aumônier hospitalier et membre de l’église La Passerelle à Vevey (FREE), ce week-end pascal est l’occasion pour chacun de s’interroger sur son rythme de vie, sa façon de consommer, son besoin de s’étourdir... et de se recentrer sur l’ETRE et non sur le FAIRE. « Car Pâques, c’est le changement », estime celle qui exerce aujourd’hui son ministère auprès des étudiants de la HET-Pro comme aussi en consultations individuelles.
Qui sont les personnes fragilisées par ce confinement ?
J’observe en fait trois groupes distincts parmi les personnes dont je m'occupe. D’abord chez les 18 à 25 ans, il y a ceux qui trouvent en effet que le confinement devient oppressant dans la durée. Car le côté social est structurant pour eux et ils ne l’ont plus. Pour les 25 à 60 ans, le confinement permet de ralentir la vitesse du temps. Celles et ceux qui flirtaient avec le burnout ne sentent plus ce poids de devoir aller vite et de répondre à toutes les demandes qui les assaillent habituellement. Il y a enfin le groupe des couples et des familles qui se retrouvent à vivre ensemble 24 heures sur 24. Et chacun doit alors apprendre à se réajuster, ou à se rapprocher. Il y a là une chance à saisir de voir l’autre de façon nouvelle, comme une personne à part entière.
Qui s’en sort étonnamment bien ? Et pourquoi ?
Je dirais que mon deuxième groupe, soit les personnes presque en burnout ou en dépression voient que, actuellement, tout le monde est sur le même plan. Ils se sentent sans doute rejoints dans leurs difficultés psychologiques. Le confinement leur donne une tranquillité et une énergie nouvelle. Mais bien sûr, l’inquiétude de la reprise leur fait peur et il faut qu’ils s’arment pour l’avenir.
Quel est pour vous le message de Pâques à faire entendre cette année ?
La Parole de Dieu nous rappelle que la Vérité nous rendra libres (Jean 8,32 ndlr). Je lis actuellement dans ce verset une invitation à réaliser la façon dont nous vivons, avec nos achats compulsifs, nos comportements nocifs en matière d’environnement. Et que l’on puisse changer cela pour nous libérer, nous sentir libres ! Pâques, c’est aussi le voile qui s’est déchiré. J’y vois comme une prise de conscience de ne pas retomber dans des travers qui nous emprisonnent et nous font du mal.
Propos recueillis par Gabrielle Desarzens