Il a pris ses quartiers tout en haut du seul bâtiment jaune vif du Y-Parc d’Yverdon-les-Bains. « Investir dans l’enfance, c’est à mon sens une belle vocation », déclare tout de suite Christian Willi dans les locaux de Compassion Suisse, cette ONG qui vient en aide aux enfants vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde. Selon l’UNICEF (le Fonds des Nations Unies pour l’enfance), ils sont près de 385 millions. Dans les locaux de l’organisation chrétienne, les regards de quelques-uns d’entre eux sont affichés aux murs au moyen de photos, ou encore en grand format sur une armoire coulissante. Christian Willi commente : « J’ai 50 ans. Je fais l’Ecole du dimanche depuis 15 ans dans mon église évangélique l’Arc-en-Ciel (FREE) de Gland. Je parraine depuis plusieurs années une jeune Ougandaise qui a maintenant 17 ans. Et puis j’ai participé au lancement de plusieurs magazines pour enfants, comme Trampoline, ou Just4U. Communiquer aux jeunes qu’ils ont de la valeur, qu’ils comptent, c’est pour moi très important. »
A la tête de sept titres
Le tout jeune quinquagénaire a commencé sa carrière professionnelle dans une entreprise d’informatique américaine. C’est lors d’un congrès missionnaire dans les années 80 à Utrecht, aux Pays-Bas, qu’il dit avoir reçu un appel pour les médias. « Rentré en Suisse, j’ai appris que le journal chrétien intitulé L’Avènement cherchait alors un commercial. J’ai commencé à y travailler en 1990. » Celui qui a ensuite repris les rênes du titre a mené ses affaires journalistiques tambour battant : il reprend plusieurs journaux comme Concepts Femmes en 1995 (devenu SprituElles ndlr), le Christianisme au XXIè siècle en 2003 qu’il fusionne avec l’Avènement pour donner naissance à l’actuel Christianisme Aujourd’hui. Il lance des magazines pour les jeunes, mais aussi le 1/4 d’heure pour Jésus en 2006, un tabloïd gratuit destiné au grand public, devenu Quart d’heure pour l’essentiel. « Le groupe Alliance presse a aujourd’hui sept journaux papiers, un média en ligne et des services comme un agenda culturel chrétien. C’est énorme, mais la structure reste petite : nous employons seulement l’équivalent de deux journalistes à plein temps. » Celui qui n’a jamais pu faire ses cours professionnels de journaliste – « car on m’a dit à l’époque que comme j’étais éditeur et à la tête d’un magazine confessant, je n’obtiendrais pas la carte de presse Impressum au bout de la formation » – a remis la responsabilité rédactionnelle des titres du groupe à différentes personnes.
Combativité, foi et conviction
Dans le conseil de Compassion Suisse depuis plusieurs années déjà, c’est presque naturellement qu’il a basculé dans l’humanitaire. Non sans rester combatif et non sans poursuivre avec foi et conviction : « Le parrainage nominatif est parfois décrié. Mais moi, investir avec intentionnalité, ça m’intéresse. Tu ne donnes pas seulement ton argent, mais tu investis dans une personne dont tu connais le nom, l’environnement. Tu lui écris, aussi. Quelque 400 millions d’enfants vivent dans l’extrême pauvreté ? Nous sommes un peu moins de 600 millions d’évangéliques dans le monde. On devrait pouvoir résoudre le problème, non ? »
A évoquer encore les médias pour lesquels il a travaillé durant 27 ans, il en relève la force : « Le journalisme permet parfois de poser les bonnes questions. C’est une belle occasion d’être témoin. »
Gabrielle Desarzens