Au moins vingt-sept chrétiens sont morts assassinés depuis le début de l’année, et de nombreuses Eglises ont dû fermer leurs portes : la FEME appelle la communauté internationale à intervenir, car il y a selon elle urgence pour prévenir l’embrasement du pays. Sous la recrudescence des attaques, les personnes déplacées se multiplient et 1, 5 million de personnes auraient aujourd’hui besoin d’assistance humanitaire, selon des chiffres des Nations-Unies. Ce qui fait dire à Ilia Djadi, expert pour l’Afrique de l’ouest à l’ONG Portes Ouvertes, que tous les ingrédients d’une crise de grande ampleur sont réunis. « Un sérieux déficit alimentaire pourrait survenir dans les semaines à venir, dit-il ; d’autant plus que c’est la saison des récoltes et que les paysans du Nord ont dû fuir leur terre pour trouver refuge dans des centres urbains. »
Cible de prédilection
Les chrétiens ne sont pas les seuls dans la cible de ces groupes terroristes, parmi lesquels on compte Al Qaïda au Maghreb islamique mais aussi Boko Haram. Ces islamistes radicaux s’en prennent à tous ceux qui ne partagent pas leur idéologie. Ils se sont donc attaqués à l’Etat, à l’armée, et aux musulmans modérés. Mais les chrétiens sont depuis quelques mois devenus leur cible de prédilection, souligne la FEME. De fait, plusieurs pasteurs et un prêtre catholique ont été assassinés cette année. « Comme aussi des fidèles en plein culte », indique l’expert.
Pour la Fédération qui appelle à l’aide, ce sont la longue tradition burkinabè de tolérance et de vivre-ensemble qui se trouve dans le collimateur des djihadistes. Le but de ceux-ci ne serait autre que créer un conflit communautaire et identitaire. La FEME demande aux chrétiens occidentaux de prier pour le Burkina Faso.
Des enfants sans école
Dans l’immédiat, c’est peut-être le sort des quelques 300'000 enfants qui ne sauront ces prochains jours effectuer leur rentrée scolaire qui pourrait inciter la communauté internationale à réagir. L’augmentation de l’insécurité a en effet provoqué la fermeture de 2024 écoles. Selon Ilia Djadi, tous ces jeunes sont fragilisés. Et on peut dire sans trop se tromper qu’ils constituent déjà un bassin de recrutement potentiel tout à fait intéressant pour les terroristes.
Gabrielle Desarzens