« Il est difficile d’articuler des chiffres exacts, mais plus de 200 chrétiens sont actuellement en prison ou en attente de jugement en raison de leur foi », a indiqué vendredi Dabirna Bet Tamraz, 33 ans, depuis Zurich. « L’Iran connaît un taux important de conversions. Nombreux de mes concitoyens ont soif de Dieu, de vérité, et se tournent vers le christianisme suite à des visions, des rêves, des signes, des miracles », a-t-elle précisé. Réfugiée en Suisse depuis 2010, la jeune femme est venue cette semaine à Genève pour faire du lobbying auprès des missions diplomatiques des Nations Unies. Jeudi 10 octobre, elle a tenu un discours dans lequel elle a plaidé pour que les autorités de Téhéran respectent le droit à la liberté de religion et qu’elles libèrent immédiatement toutes les personnes détenues en raison de leurs convictions.
Famille persécutée
Elle-même a été harcelée et a connu la prison, comme aussi son père, le pasteur Victor Bet Tamraz, aujourd’hui en attente d’un jugement qui pourrait, en novembre, le renvoyer derrière les barreaux pour dix ans. La famille fait partie de la communauté assyrienne et a vu son église de type pentecôtiste augmenter fortement en raison de nouvelles conversions. Le ministère de l’Intérieur iranien l’a fermée en mars 2009. Les églises de maison qui se sont alors ouvertes sont considérées comme illégales et font l’objet de perquisitions et d’arrestations. « Pour le gouvernement, tout rassemblement religieux non islamique est considéré comme une menace », a exprimé la jeune femme à Genève, en précisant que son père, sa mère, elle-même et son frère ont tous été l’objet de persécutions de la part du gouvernement, qui les a accusés tour à tour d’ « atteinte à la sécurité nationale ».
Appel
Outre les chrétiens, les bahaïs, les musulmans sunnites et les soufis sont aussi des minorités religieuses dans le collimateur des autorités, a-t-elle encore mis en avant. Elle a ainsi recommandé aux différentes missions diplomatiques de faire pression sur Téhéran pour que l’Iran adopte la liberté de croyance et libère immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues pour blasphème, apostasie ou menace à la sécurité nationale. « C’est toujours difficile de parler de ce manque de liberté religieuse quand on l’a expérimenté dans sa chair, a souligné Dabrina Bet Tamraz. Mais je pense avoir été entendue et j’ai l’espoir que le traitement des minorités religieuses évolue positivement dans mon pays.»
L’Iran sera sous la loupe de l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme le 8 novembre prochain.
Gabrielle Desarzens