Depuis le 1er août, elle dirige la Maison Béthel à Blonay (VD), une œuvre sociale de la FREE. Katia de La Baume est entrée en service à Béthel en 2013, comme infirmière responsable d’établissement. Aujourd’hui, suite à la création du Pôle santé du Pays-d’Enhaut entre l’EMS Praz-Soleil et l’hôpital régional, elle assume la direction de cette institution qui propose des séjours de courte durée à des personnes en souffrance psychique. « Actuellement, nous avons 17 entrées par mois, pas loin de 200 personnes par an qui viennent pour 2 ou 3 séjours… Soit un taux d’occupation d’environ 80% pour une structure de 21 lits. » Ce qui du point de vue économique devrait garantir la viabilité de l’institution.
De HEC à une école d’infirmière
On le sent : Katia de La Baume, 52 ans, aime les chiffres. Elle est à l’aise dans l’organisation et la mise en place de projets. A coup sûr un reste de sa formation en sciences économiques, acquise dans les années 80. « En fait, lâche-t-elle, j’ai fait cette première formation pour plaire à ma famille. Mon père avait une PME dans le canton de Vaud et j’étais pressentie pour la reprendre. » Mais les choses ne se font pas. Elle se marie, s’installe en France, et devient maman de 4 enfants. Après son divorce et son retour en Suisse, elle reprend des activités en lien avec sa formation en HEC, mais a envie d’autre chose. A 43 ans, elle se lance dans la formation d’infirmière. 4 ans pour acquérir des compétences qui devraient lui permettre de développer ce qu’elle souhaite au fond d’elle-même : transmettre un sens à la vie et surtout être là pour les autres.
Elle rêve alors d’ouvrir une école pour être meilleur parent ou un centre d’accueil pour personnes qui vont mal, notamment des femmes avec enfants. En 2013, une amie la rend attentive au fait que Béthel cherche un nouveau responsable. Katia de La Baume n’est pas convaincue. Elle prend tout de même contact avec le conseil de fondation de Praz-Soleil, Anne-Marie Romain et Michel Bonjour notamment, et se rend compte que les objectifs de Béthel correspondent à ses valeurs. Le 1er octobre 2013, elle commence comme infirmière responsable dans une œuvre en crise, suite au départ de la directrice.
Maria et son chat
Lorsqu’on lui demande ce qui l’a marquée depuis deux ans qu’elle dirige cette institution sociale, Katia de La Baume mentionne des personnes. Elle sort de dessous son écran d’ordinateur des figurines : un caillou peint sur un support par un patient et une figurine, reproduction d’un être humain, duquel on peut soulever une partie de la tête et découvrir quelque chose de rouge. « C’est mon cerveau, relève-t-elle. C’est en tout cas ce que Maria (1), la patiente, m’a dit lorsqu’elle m’a offert cette figurine qui me représente. »
Maria, c’est le prénom d’une femme de 26 ans qui a marqué Katia de La Baume profondément. Au point qu’elle lui a consacré son mémoire de certificat d’études avancées en psychiatrie clinique, une formation que la nouvelle directrice de Béthel vient de terminer à Lausanne. « Maria est une jeune femme adoptée enfant, maltraitée et rejetée par ses parents adoptifs, explique-t-elle. Elle avait tout de ‘l’animal apeuré’, plongé dans une souffrance énorme. Au point que tout son réseau médical avait peur de ses réactions. » L’accompagnement prend une année, piloté par la démarche appelée « Rétablissement » (Recovery). Il s’agit de gagner la confiance de Maria, de négocier avec elle un plan de crise à mettre en place quand elle ne va pas bien et reste recluse dans sa chambre. Il s’agit aussi de travailler à un projet de vie. Sans imposer quoi que ce soit, mais en la laissant exprimer ses besoins et ses désirs. Au milieu de cette prise en charge, il y a aussi un séjour en prison et des séjours en hôpital à insérer ! Suite à tous les efforts de l’équipe soignante de Béthel, Maria reprend le fil de sa vie et se souhaite un chat : « Une sorte de doudou qu’affectionnent les enfants et qui font office d’objet transitionnel », ajoute Katia de La Baume.
Redonner espoir
Ce qui fait sens à Béthel pour cette mère d’une famille nombreuse, c’est « d’offrir une structure pour redonner espoir, de permettre à une personne un nouvel accès à son être intérieur. Si en plus elle peut faire un lien avec ‘l’amour christique’, c’est gagné ! » ajoute cette réformée d’origine, qui a poursuivi son parcours de foi en milieu catholique. Avec un ancrage fort à l’hospice du Grand-St-Bernard, « le lieu où j’ai eu une véritable ‘révélation’ de Dieu », complète-t-elle.
Serge Carrel
Site de la Maison Béthel.
Note
1 Prénom d’emprunt.